La langue amazighe : entre le risque de disparition et l’espoir de victoire

10 August 2021

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Par Arroi Baraket, responsable des communications pour la Tunisie chez Minority Rights Group

« La langue amazighe… entre le risque de disparition et l’espoir de victoire » est un reportage vidéo réalisé par Mariam Ben Aissa, une journaliste tunisienne, qui nous emmène au sud-est de la Tunisie, à 50 km du gouvernorat de Gabes, dans le village de Tamazret où vit l’une des dernières grandes communautés parlant encore la langue amazighe en Tunisie, une langue classée par l’UNESCO comme étant en voie de disparition.

Mariam nous dessine les menaces qui guettent la culture amazighe en Tunisie à travers les voix de quatre habitant.e.s du village, qui expliquent l’importance de la transmission et de l’enseignement de la langue amazighe pour sauvegarder cette culture autochtone.

La shilha est un dialecte tamazight principalement parlé en Tunisie. Après des siècles d’assimilation, de nombreux.ses tunisien.ne.s continuent à s’identifier comme étant ethniquement et culturellement amazighs, bien que n’en parlant pas la langue. A travers son reportage, Mariam Ben Aissa explique comment ce fait contribue à une part importante de la population du pays s’identifiant comme amazighe. Dans certaines villes et localités comme Sened, cependant il n’existe pas de chiffres officiels définissant la proportion d’Amazighs au sein de la population. La plupart des familles amazighes ne parlent plus la shilha, le dialecte tamazight dominant en Tunisie. En se basant sur le patronyme comme indicateur des origines des individus, il semble néanmoins vraisemblable que la grande majorité de la population ait des racines amazighes.

Depuis plusieurs années, Minority Rights Group se joint aux efforts d’associations locales dans leur plaidoyer pour la reconnaissance et l’application des droits des communautés amazighes. En juin 2021, en partenariat avec le Réseau des Points Anti-Discrimination Tunisie, nous avons présenté un rapport alternatif au Comité des droits de l’enfant de l’ONU.

Ce rapport recommande d’adopter une nouvelle stratégie pour arrêter le processus d’assimilation culturelle et de la mise en danger de la langue causé par les politiques de l’État et reconnaître la diversité du pays dans les programmes scolaires et dans le discours public. Il est ainsi nécessaire d’informer toutes les municipalités de l’abolition de la circulaire n°85 de 1965 qui interdisait les prénoms qui ne sont pas d’origine arabe, afin que les parents amazighs puissent enregistrer leurs enfants avec des noms traditionnels autochtones. Et pour préserver la langue, il serait primordial de soutenir l’enseignement et la revitalisation de la langue tamazight pour permettre aux enfants amazighs de conserver leur identité linguistique et culturelle.

Dans un esprit de résistance au discours dominant, en donnant la parole aux groupes minorés qui sont invisibilisés par les médias de masse, ce reportage s’inscrit dans le cadre de notre formation en ligne pour journalistes en Tunisie sur le thème de la « Non-discrimination et diversité dans les médias ». Cette formation, organisée de février à mars cette année, visait à fournir aux journalistes les outils et les ressources nécessaires pour porter dans les médias les voix et expériences des minorités en Tunisie. Ce reportage a obtenu le premier prix parmi les vidéos sélectionnées suite à cette formation.

Photo: Arrêt-sur-image issu du documentaire « La langue amazighe… entre le risque de disparition et l’espoir de victoire ». Crédits : Mariam Ben Aissa.

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