Abolir les séquelles de l’esclavage : « Atig » plus jamais

23 January 2022

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À l’occasion de la Journée nationale de commémoration de l’abolition de l’esclavage en Tunisie, qui correspond au 23 janvier 1846, nous vous proposons ce reportage « Abolir les séquelles de l’esclavage : ‘Atig’ plus jamais ».

Le reportage, produit par Minority Rights Group International et réalisé par Arroi Baraket et Slim Kacem Roots, présente les témoignages de plusieurs membres de la famille Dali sur l’île de Djerba, au sud de la Tunisie – Hemdane Dali, Hedia Dali et Kerim Dali – ainsi celui de Maître Hanen Ben Hassana, l’avocate de la famille Dali.

La famille Dali a lutté pendant des années pour abolir les traces de l’esclavage qui persistent jusqu’à aujourd’hui.
Suite au jugement historique rendu en octobre 2020 en faveur de M. Hemdane Dali, 83 ans, originaire de Djerba, qui réclamait le droit de ôter le préfixe « Atig » (qui signifie « affranchi par ») de son nom de famille dans tous ses documents officiels, la famille de Hemdane Dali a poursuivi les procédures judiciaires pour se débarrasser de « Atig ».

Avec le soutien de Minority Rights Group International et de l’association Mnemty, Kerim Dali, le fils de Hemdane Dali, a pu abolir l’expression « Atig » de son nom – qui était « Kerim Atig Dali » – pour qu’il devienne « Kerim Dali », suite au jugement de réforme rendu par décision du juge de l’état civil auprès du tribunal de première instance de Médenine le 26 juin 2021. Les frères et sœurs de Kerim ont ainsi poursuivi la même procédure pour se libérer du poids du terme « Atig ».

Dans de son témoignage, Kerim souligne l’importance de se débarrasser de ce « fardeau qui rappelle le passé de l’esclavage », et que d’autres familles noires souffrent aujourd’hui et souhaitent changer ces noms racistes qui portent les séquelles de ce passé.

Il a aussi relevé la nécessité de continuer la lutte contre le racisme par l’union de toutes les forces et en faisant le plaidoyer pour la loi 50 relative à l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale.

C’est cette loi qui a permis la victoire de la première affaire civile contre la discrimination raciale en Tunisie, comme l’a expliqué Maître Hanen Ben Hassana, l’avocate de la famille Dali, qui fait partie de notre clinique juridique du projet Points anti-discrimination.

À l’instar de la famille Dali qui a ouvert la voie pour se libérer des séquelles de l’esclavage, Minority Rights Group International continue de soutenir, à travers sa clinique juridique, d’autres familles qui veulent se débarrasser des noms racistes.

Malgré l’abolition de l’esclavage depuis 1846, la lutte de beaucoup de militant.e.s contre le racisme et la promulgation de la loi n°50 relative à l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale, des séquelles de l’esclavage et ses représentations racistes demeurent et doivent être abolies.

Photo : Hamdane Dali et sa fille Hedia à Djerba, octobre 2021. La famille Dali a été la première à pouvoir supprimer le nom « Atig » (« affranchi par », faisant référence à l’héritage esclavagiste) de son nom de famille. Crédit : Slim Kacem, Roots.

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