Nouveau briefing : Après six mois de pandémie, il devient de plus en plus clair que les minorités et peuples autochtones sont les premiers affectés par la Covid-19
Lisez ce communiqué de presse en anglais et en arabe.
Six mois après que l’Organisation mondiale de la santé a déclaré la pandémie de Covid-19, les conséquences sociales, économiques et politiques de cette dernière sont encore en plein développement. Bien que personne n’échappe au risque du virus, les minorités et peuples autochtones sont parmi les plus affectés, explique un nouveau briefing publié par Minority Rights Group International (MRG).
Le briefing Inégalités et l’impact de la Covid-19 : Comment la discrimination influence les expériences des minorités et peuples autochtones pendant la pandémie (en anglais : Inequality and the impact of Covid-19: How discrimination is shaping the experiences of minorities and indigenous peoples during the pandemic), publié aujourd’hui, expose les conséquences dramatiques de la pandémie de Covid-19 sur les populations les plus vulnérables.
« Des inégalités de genre à la discrimination ethnique, raciale et religieuse, la pandémie exacerbe les inégalités existantes », insiste Rasha Al Saba, l’auteure du briefing. « Nous pouvons le constater dans des domaines allant du risque que contracter le virus et d’en mourir à un accès réduit aux soins de santé, à l’éducation, à l’emploi, à l’alimentation et à la sécurité. »
Au Royaume-Uni, les communautés noire et asiatique, ainsi que d’autres communautés minoritaires ethniques ou religieuses, notamment les musulmans, les hindous et les sikhs, semblent être plus à risque de contracter le virus ; étant généralement plus pauvres, elles sont davantage à risque de vivre dans des situations de promiscuité et de rencontrer des difficultés à accéder aux soins de santé. Il en va de même pour les afro-Américains aux Etats-Unis. En avril 2020, les comtés états-uniens comprenant une majorité de noirs avaient des taux d’infection de Covid-19 trois fois plus élevés que ceux des comtés comprenant une majorité de blancs, et des taux de décès six fois plus élevés. Au Brésil, l’effet du coronavirus sur les peuples autochtones a été catastrophique, les statistiques officielles indiquant que le taux de mortalité parmi les personnes infectées était quasiment deux fois plus élevé que la moyenne nationale.
En plus des risques sanitaires directs, les minorités et peuples autochtones peuvent rencontrer des difficultés à accéder aux biens de première nécessité nécessaires afin de combattre le virus.
« Tragiquement, les plus affectés par la pandémie sont aussi ceux qui sont les moins à même de recevoir l’aide dont ils ont besoin », explique Joshua Castellino, le directeur exécutif de MRG. « Ces besoins vont de l’information sanitaire publique aux biens de première nécessité et aux soins médicaux. En plus de cela, des politiciens peu scrupuleux de tous pays font des plus vulnérables leurs boucs émissaires. »
Des communautés Batwa du Rwanda ont déclaré n’avoir pas reçu les masques, savons et désinfectants nécessaires. Pour les populations affectées par des conflits armés, la pandémie a inondé des systèmes de santé déjà fragmentaires ou mal financés, comme en Syrie, au Liban ou dans les camps de réfugiés Rohingya au Bengladesh.
« La pandémie a été instrumentalisée par des gouvernements incompétents ayant souvent peu d’autorité sur leurs sociétés. En plus de faire grimper le nombre de victimes, cela a souvent été mené de concert avec des tentatives de faire des minorités les boucs émissaires de la crise, dans l’espoir de nourrir la ferveur populaire et la légitimité des dirigeants au sein de sociétés déjà en colère et en deuil », ajoute Castellino.
Plusieurs exemples de gouvernements locaux et nationaux utilisant la pandémie comme excuse afin de poursuivre leurs propres agendas ont été rapportés au cours des derniers mois. Les confinements imposés dans de nombreux pays à travers le monde afin de limiter la dissémination du virus ont aussi eu des conséquences profondément discriminatoires sur les groupes sociaux les plus marginalisés tels que les migrants, les réfugiés et les demandeurs d’asyle. Au Liban, par exemple, des travailleurs migrants se sont vu refuser l’accès aux services sanitaires supposément gratuits dans le cadre de la pandémie en raison d’un manque de documents. En Chine, de nombreux Africains ont été soumis à des tests obligatoires et placés en quarantaine dans des conditions inhumaines, alors que des plusieurs pays européens, des camps de Roms ont été soumis à des contrôles policiers stricts et à des quarantaines obligatoires.
Note à l’intention des éditeurs :
- Cliquez ici pour accéder au nouveau briefing (en anglais).
- L’auteure, Rasha Al Saba, est agente de programmes pour le Moyen-Orient et l’Afrique du nord chez Minority Rights Group International. Son travail se concentre sur la défense des droits des minorités et sur le développement des capacités dans la société civile. Elle a plus de huit années d’expérience dans les domaines de la santé publique et des droits humains avec un accent sur les femmes, les minorités et les réfugiés au Moyen-Orient et en Afrique du Nord. Elle dispose d’un diplôme de Master in Global Health du King’s College de Londres.
- Minority Rights Group International (MRG) est la principale organisation de droits humains travaillant à assurer les droits des minorités ethniques, religieuses et linguistiques, ainsi que ceux des peuples autochtones. L’organisation travaille avec plus de 150 partenaires dans plus de 50 pays.
Pour plus d’informations ou pour une interview :
Samrawit Gougsa, MRG Communications Officer (London, UK)
E: [email protected] / Twitter: @MinorityRights