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La conservation forteresse et la responsabilité internationale en cas de violations des droits humains perpétrés contre les Batwa dans le parc national de Kahuzi-Biega

5 May 2022

Le parc national de Kahuzi-Biega (« PNKB ») en République démocratique du Congo présente une menace existentielle pour le peuple indigène Batwa. Pendant des millénaires, les Batwa ont occupé les forêts entourant le mont Kahuzi et le mont Biega, utilisant les connaissances écologiques traditionnelles et les pratiques durables pour favoriser l’un des endroits les plus riches en biodiversité de la planète. La création du PNKB dans les années 1970 a forcé les Batwa à quitter leurs terres ancestrales, les rendant profondément appauvris, sans terre, dépendants et culturellement déconnectés. Lorsqu’ils cherchent à rentrer chez eux et à accéder à leurs terres et à leurs ressources, ils sont soumis à une violence extrême de la part des autorités du parc qui les traitent comme des intrus, des braconniers et des ennemis de la conservation.

Ce rapport situe les graves violations des droits humains subies par les Batwa dans le PNKB dans le cadre du phénomène mondial plus large de la « conservation des forteresses » et analyse les rôles respectifs et la responsabilité des principaux partenaires internationaux du parc. La violence continue contre les Batwa dans le PNKB est un rappel brutal des immenses coûts humains et environnementaux associés à la poursuite de politiques de conservation qui empêchent les peuples autochtones de posséder, gouverner, accéder et bénéficier de leurs territoires et ressources. Ces politiques sont soutenues par des donateurs, des ONG mondiales et des organisations internationales qui permettent et maintiennent tacitement un statu quo violent et anti-indigène dans le PNKB et d’autres aires protégées.

Les bailleurs de fonds, les organisations de conservation et les autres partenaires internationaux du PNKB n’ont pas suffisamment assuré que leur soutien ne contribuait pas aux violations des droits humains commises contre les Batwa. Ces partenaires internationaux avaient une connaissance explicite des violations non résolues des droits de l’homme commises par les écogardes, ainsi que des menaces de violence imminente contre les communautés batwa vivant à l’intérieur du parc. Pourtant, ils ont continué à équiper, financer et former des écogardes et ont activement encouragé la militarisation croissante du PNKB. Cette militarisation a entraîné des actions policières et militaires trop agressives de la part des écogardes (souvent conjointement avec l’armée congolaise) qui ciblent, criminalisent et brutalisent explicitement les Batwa. Dans le même temps, le parc échoue systématiquement à répondre aux attentes et aux objectifs environnementaux.

Ainsi, le PNKB représente un exemple clair de la façon dont la conservation des forteresses échoue à la fois pour les personnes et pour l’environnement. Malheureusement, ce n’est pas un exemple isolé de politique de conservation défectueuse. Au lieu de cela, il est révélateur des lacunes institutionnelles et des échecs systémiques inhérents aux manières dominantes dont la conservation est poursuivie par les États et promue par les acteurs internationaux de la conservation dans le bassin du Congo et dans d’autres parties du monde.

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Auteur(s)

Colin Luoma