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Purger la forêt par la force : Violence organisée contre les Batwa dans le Parc National Kahuzi-Biega

5 April 2022

Le Parc National de Kahuzi-Biega en République démocratique du Congo, zone protégée inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO qui a reçu un financement et un soutien matériel des gouvernements allemand et américain, entre autres soutiens, a longtemps été célébré comme l’un des lieux jouissant de la biodiversité la plus riche de la planète. Cependant, les autorités du parc se sont engagées dans un programme sur trois ans menant de violentes expulsions forcées ciblant les premiers habitants humains du parc – les autochtones Batwa de Kahuzi-Biega, qui comptent parmi les groupes les plus marginalisés du pays.

Ce rapport, Purger la forêt par la force, documente les graves abus, savamment organisés et généralisés, des droits humains perpétrés conjointement par les gardes du parc et les soldats de l’armée congolaise contre les Batwa entre 2019 et 2021. En octobre 2018, après quatre décennies de promesses non tenues de réinstallation, réparations et de justice de la part du gouvernement congolais et d’autres parties prenantes, certaines communautés batwa sont revenues dans le parc, reconstruisant des villages sur leurs terres ancestrales. Leur retour a été accueilli par une escalade de violence dévastatrice de la part des autorités du parc. Ce rapport démontre que des gardes du parc et des soldats ont mené trois opérations de grande envergure entre 2019 et 2021, ciblant au moins sept villages batwa très peuplés à l’intérieur du parc, ainsi que de nombreuses expulsions et actes de répression à plus petite échelle. Entre autres abus, des dizaines de Batwa ont été tués, blessés, détenus arbitrairement ou soumis à des viols collectifs brutaux, dans ce qui relève d’une campagne de violence visant à terroriser les Batwa et à les chasser hors du parc.

Ces opérations à grande échelle sont révélatrices du processus de marginalisation et de brutalité infligé aux Batwa depuis des décennies au nom de la conservation. Ces violences continues trouvent leurs origines dans les années 1970, lorsque les Batwa ont été expulsés pour la première fois de leurs terres ancestrales pour ouvrir la voie à la création du parc, vouant une communauté autochtone déjà marginalisée à des décennies d’oppression, d’appauvrissement, de déplacement et de dépossession de leurs terres.

L’histoire des Batwa de Kahuzi-Biega n’est pas un cas isolé. Elle est plutôt emblématique de la violence systémique et régulière, inhérente au modèle strictement colonial de conservation largement appliqué en Afrique centrale et de l’Est. Ce modèle, financé et encadré par un réseau d’organismes internationaux, a des conséquences mortelles pour les peuples autochtones et les communautés locales vivant à proximité des aires protégées. Les événements tragiques détaillés dans ce rapport ont été rendus possibles par une culture de l’impunité qui dévalorise les vies au service d’une approche hautement militarisée découlant du modèle de la conservation érigée en forteresse, excluant les habitants ancestraux des terres, au mépris du droit international.

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Auteur(s)

Robert Flummerfelt