Chrétiens en Tunisie

  • Profil

    Les communautés juive et chrétienne ont historiquement été les deux principales minorités religieuses en Tunisie. De nos jours, cette minorité religieuse est composée principalement de trois communautés : les Tunisien.ne.s chrétien.ne.s descendant de la population immigrée européenne qui s’est installée dans le pays à diverses périodes et des chrétien.ne.s d’Europe résidant à titre permanent en Tunisie ; les migrant.e.s subsaharien.ne.s chrétien.ne.s ; et les Tunisien.ne.s anciennement musulman.e.s qui se sont converti.e.s au christianisme.

    En 2007, le gouvernement tunisien a indiqué, dans un rapport soumis au Comité des Nations unies pour l’élimination de la discrimination raciale (CERD), qu’il n’y avait qu’environ 2 000 chrétien.ne.s en Tunisie. Les estimations des ONG suggèrent toutefois que la communauté compte entre 5 000 et 6 000 personnes. Si l’on inclut les ressortissant.e.s étranger.ère.s résidant en Tunisie et pratiquant le christianisme, on s’approche de 25 000 personnes au total, majoritairement d’origine subsaharienne. La plupart des personnes chrétiennes du pays sont catholiques, quelle que soit leur identité nationale/ethnique, mais d’autres confessions sont également présentes, comme le protestantisme et la religion orthodoxe.

    Djerba compte également un quartier chrétien qui accueillait autrefois un grand nombre de commerçant.e.s d’origine maltaise et italienne, qui se rendaient souvent sur l’île. Alors que jusqu’à 17 000 personnes y vivaient jusqu’au début des années 1930, elles ne sont plus aujourd’hui que quelques milliers. Le quartier abrite une ancienne église, construite par des pêcheurs maltais et abandonnée par la suite, qui est maintenant utilisée comme centre sportif par la municipalité. 

    Contexte historique

    En 1856, la population chrétienne de Tunis comptait environ 12 000 personnes. Celle-ci étant majoritairement européenne, elle était plus étroitement associée au colonialisme, dans l’esprit de la population générale, que d’autres minorités telles que la communauté juive.

    Cette idée répandue d’une corrélation entre chrétien.ne.s et colonialisme a eu des conséquences importantes pour la communauté après l’indépendance de la Tunisie en 1956. Alors que Bourguiba veillait à ce que les citoyen.ne.s juif.ve.s puissent pratiquer leur foi librement, les chrétien.ne.s faisaient l’objet d’une série de restrictions, formalisées dans l’accord Modus Vivendi négocié par l’Église catholique avec le gouvernement tunisien en 1964, telles que l’interdiction de construire de nouvelles églises et de faire sonner les cloches. Néanmoins, l’accord prévoyait également un certain nombre de protections et, à ce jour, l’Église catholique reste la seule congrégation chrétienne reconnue en Tunisie. 

    Enjeux actuels

    Bien que, selon certaines sources, l’Église protestante ait obtenu une reconnaissance officielle en 1933 par décret beylical, le ministère des Affaires religieuses a déclaré en 2012 qu’il n’existait aucun cadre législatif autorisant les Tunisien.ne.s appartenant aux communautés chrétiennes à pratiquer leur religion en public. L’association Attalaki indique que ces congrégations opèrent sous une supervision étrangère, mais que les Tunisien.ne.s ne sont pas reconnu.e.s. Le diocèse catholique de Tunis gère le principal cimetière chrétien de Borgel (qui se trouve à côté du cimetière juif) à Tunis. Cela signifie que les personnes tunisiennes nées avec un nom musulman (c’est-à-dire toute la population, sauf les personnes nées de familles juives) et qui se sont converties à une autre religion, comme le bahaïsme et le christianisme, n’ont pas le droit d’être enterrées selon leur foi, à l’exception des rares personnes ayant fait leur baptême catholique officiel.

    Bien que les restrictions soient toujours en place à ce jour, certains signes indiquent que la communauté bénéficie d’une plus grande visibilité depuis la révolution de 2011. Le 15 août 2018, par exemple, la Festa della Madonna a recommencé à être célébrée à La Goulette, près de Tunis, après des décennies d’interruption. La cérémonie a été célébrée conformément au rite catholique et principalement récitée en français, avec quelques parties en italien. À la fin d’un discours sur la cohabitation en Tunisie, les membres de la  congrégation subsaharienne se sont mis à chanter et à danser.

    Certaines organisations de la société civile, comme l’Association tunisienne de soutien aux minorités, signalent une hausse du nombre de Tunisien.ne.s anciennement musulman.e.s qui se convertissent au christianisme. Bien que la conversion ne soit pas criminalisée par la loi tunisienne, les tabous sociaux sont si répandus que ces groupes préfèrent généralement rester dans l’ombre. Beaucoup sont confrontés à l’ostracisme et même à la violence de leur propre famille en raison de la stigmatisation qui entoure la conversion.

    Les personnes converties peuvent également être harcelées par les forces de police et les fonctionnaires. En novembre 2016, neuf jeunes convertis au christianisme ont été arrêtés à Gafsa par la brigade antiterroriste et menacés s’ils ne renonçaient pas à leur foi. Les agents de police ont affirmé qu’ils avaient été ciblés en raison non pas de leur religion, mais d’un comportement suspect. En février 2020, un groupe de missionnaires étrangers a été arrêté pour avoir lu l’Évangile. Bien que la nouvelle ait été relayée par plusieurs médias, la base juridique des accusations portées à leur encontre reste floue.

    Mis à jour en novembre 2021

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