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Justice rendue : Les Batwa de Kahuzi-Biega et l’échec de la conservation forteresse

24 October 2024

Les Batwa indigènes de Kahuzi-Biega sont largement reconnus comme certains des habitants originels de la République Démocratique du Congo (RDC). Pendant des millénaires, ils ont vécu en harmonie avec la forêt riche en biodiversité qui entoure les montagnes Kahuzi et Biega. La forêt leur fournissait tout ce dont ils avaient besoin, et ils se considéraient comme une partie intégrante de celle-ci.

Dans les années 1970, tout a changé lorsque le gouvernement de la RDC a créé un parc national, le Parc National de Kahuzi-Biega (PNKB), sur les terres des Batwa. Expulsés violemment de leur terre ancestrale, les Batwa ont été contraints à des décennies de pauvreté extrême, de discrimination sévère, d’absence de terres et d’une mortalité galopante dans des quartiers informels à la périphérie du parc. Ceux qui ont tenté de revenir en 2018 ont été confrontés à une campagne de violence organisée de trois ans entraînant des meurtres, des viols et des déplacements forcés.

L’histoire des Batwa de Kahuzi-Biega est un exemple typique du modèle de “conservation de type forteresse” – la conservation de la nature basée sur la fausse hypothèse que la conservation efficace nécessite des terres dépourvues (par la force si nécessaire) d’habitation et d’utilisation humaines. Les preuves que les aires protégées ou les parcs nationaux sont une méthode efficace de conservation de la biodiversité sont faibles, tandis que le fait qu’ils ont conduit au déplacement de millions de personnes, à une dépossession généralisée, à des expulsions, à la faim, à la mauvaise santé et à des violations des droits de l’homme, y compris des meurtres, des viols et de la torture à travers l’Afrique et l’Asie, est bien documentées.

Les gouvernements, les agences de développement et les organisations internationales de conservation sont les principaux moteurs de la conservation de type forteresse. Au lieu de reconnaître le rôle vital des connaissances et des pratiques indigènes dans la gestion durable des terres, ils maintiennent un statu quo violent, anti-indigène et néocolonial. Dans une décision historique de 2024, la Commission africaine des droits de l’homme et des peuples a jugé que le gouvernement de la RDC avait violé les droits fonciers et autres droits des Batwa en créant le PNKB, que le modèle de conservation de type forteresse est inefficace pour la conservation de la biodiversité et que les peuples indigènes sont les meilleurs gardiens de la nature.

La décision de la Commission est donc certainement historique pour les Batwa de Kahuzi-Biega, qui attendaient depuis des années justice et réparations pour les crimes qui leur avaient été perpétrés, mais c’est aussi une étape importante pour les droits des peuples indigènes à travers l’Afrique et au-delà. Elle établit des précédents juridiques historiques et vitaux qui aideront les peuples indigènes à obtenir réparation pour les préjudices causés par la conservation de type forteresse et envoie un message essentiel selon lequel les connaissances et les pratiques indigènes sont essentielles pour lutter contre la crise climatique. Justice rendue : Les Batwa de Kahuzi-Biega et l’échec de la conservation de type forteresse offre un résumé utile de la décision de la Commission et décrit le contexte de l’affaire juridique.

Télécharger le rapport (français, PDF)

Auteur(s)

Samuel Ade Ndasi

Responsable du plaidoyer et du litige de l'Union africaine

Minority Rights Group

Stefania Carrer

Responsable du litige et du plaidoyer

Minority Rights Group